La restriction calorique a démontré sa capacité à ralentir le processus de vieillissement et à prolonger la longévité. C’est son mécanisme qui vient aujourd’hui d’être élucidé.
Le jeûne et la restriction calorique favorisent une plus longue espérance de vie. On avait déjà constaté que la restriction calorique entrainaît une augmentation de la longueur des télomères (les petits capuchons posés sur les extrémités des chromosomes qui raccourcissent au fil du temps et qui jouent un rôle clé dans le processus de vieillissement des cellules, voir le post du 3 juillet 2017) avec pour conséquence un effet protecteur sur l’ADN et le matériel génétique, mais le mécanisme en cause n’était pas encore bien compris.
Une étude menée par la Temple University (Philadelphie) et publiée cette semaine dans la revue Nature Communications, décrypte pour la première fois le mécanisme pouvant expliquer l’effet d’une restriction hypocalorique sur la longévité. L’équipe explique que les processus de vieillissement et les rythmes biologiques sont intiment liés et que c’est en ralentissant la dérive épigénétique que la restriction calorique serait responsable d’un accroissement de la longévité.
Ralentissement de la dérive épigénétique
De quoi parle t’on lorsque l’on parle d’épigénétique ? On s’intéresse à l’ensemble des modifications qui interviennent dans la régulation des gènes sous l’influence de notre environnement. Ces modifications jouent un rôle important dans le développement et l’apparition de certaines maladies et notamment dans le processus de vieillissement.
Après avoir séquencé le génome de l’homme, qui reste globalement identique tout au long de la vie, les scientifiques ont voulu comprendre comment l’activation des gènes pouvait être influencée par notre régime alimentaire, notre environnement ou notre mode de vie. C’est le mécanisme de l’épigénétique.
Par exemple, avec des patrimoines génétiques identiques, deux jumeaux peuvent évoluer différemment en fonction de leurs environnements (alimentation, maladies, médicaments et toxiques, stress, lieu et hygiène de vie) et de leurs modes de vie respectifs. S’ils sont identiques génétiquement, ils ne le sont pas épigénétiquement.
Autrement dit, si la génétique s’intéresse à l’étude des gènes, l’épigénétique s’attache à déterminer comment ces gènes vont être utilisés (ou pas) par une cellule.
Des effets qui s’observent chez les souris jeunes mais aussi âgées
Pour revenir à notre étude, en ralentissant la dérive épigénétique sous l’influence d’une restriction alimentaire, le nombre de gènes activés augmente et ralentit le processus de vieillissement. Une augmentation qui s’observe chez les souris jeunes mais aussi chez les souris âgées
Cette étude vient s’ajouter à la longue liste des études qui se sont intéressées à la relation entre restriction calorique et longévité. En aout dernier, une étude publiée dans la revue Cell par des chercheurs de l’université de Californie, pointait le rôle de l’horloge biologique dans le process de régulation énergétique. Cette étude, réalisée pendant 6 mois a suivi un groupe de souris âgées avec un apport calorique réduit de 30%. Cette diète a eu pour effet de régénérer et de reparamètrer l’horloge biologique comme pour une souris jeune et donc de prévenir les effets du processus de vieillissement.
Une autre étude publiée début 2017 par les chercheurs de l’University of Wisconsin-Madison a soumis 200 singes à un régime alimentaire restreint en calories. Ils confirment que la restriction calorique est propice à la santé et à la longévité et que même de petites différences dans l’apport alimentaire peuvent affecter de manière significative le vieillissement et la santé.
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Sources :
Caloric restriction delays age-related methylation drift
Link between biological clock and aging revealed
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