A l’heure ou nous terminons notre 2ème semaine de déconfinement, aucun traitement contre le Covid-19 ne fait encore consensus. Et si les vaccins semblent prometteurs, ils ne seront pas disponibles avant 2021. En attendant, c’est sur notre système immunitaire qu’il nous faut miser. Encore faut-il qu’il soit efficace ! Après avoir abordé le rôle de la vitamine D sur notre immunité, c’est l’intérêt du microbiote intestinal que nous traitons cette semaine.
Le microbiote intestinal ne cesse de faire parler de lui. Et ce n’est pas surprenant compte tenu de l’influence qu’il exerce sur notre santé. Cette influence est de mieux en mieux connue car il fait l’objet d’un véritable engouement de la part des chercheurs.
Le microbiote exerce un effet barrière contre le Covid-19
Notre microbiote intestinal, que l’on appelait il y a encore quelques années flore intestinale, est constitué par l’ensemble des microorganismes vivants de notre intestin (bactéries, levures, champignons, virus). La quantité de ces microorganismes est évaluée à environ 100 000 milliards et son poids est d’environ 2kg.
Il contribue à nous protéger contre les agents pathogènes par ce que l’on appelle l’effet barrière. Les bactéries de notre microbiote, en adhérant à la muqueuse intestinale, empêchent les micro-organismes pathogènes, comme le Covid-19 de coloniser l’intestin. Mais ce n’est pas tout.
Notre système immunitaire qui produit les armes de défense de notre organisme (cellules et anticorps) contre les agresseurs extérieurs, se situe en grande partie dans notre intestin. L’intestin est donc l’organe clé de notre immunité. C’est pourquoi prendre soin de son microbiote est essentiel pour maintenir l’efficacité de nos défenses immunitaires.
Microbiote et infection à Covid-19
Un article qui vient d’être publié dans le revue Virus Research fait le point sur l’état de nos connaissances sur le microbiote et l’infection à Covid-19. Il resitue l’importance de la qualité du microbiote intestinal sur l’immunité et notamment sur les infections pulmonaires.
Les auteurs rappellent que la qualité du microbiote se définit par la diversité des bactéries qui le composent et notamment sur le rapport entre bactéries bénéfiques et bactéries pathogènes. Ils précisent que la qualité du microbiote diminue avec l’âge et l’obésité, 2 principaux facteurs de risque de sévérité de l’infection à Covid-19.
Ils rappellent également que l’alimentation et l’environnement jouent un rôle important sur la qualité du microbiote. Ils suggèrent que la nutrition et la supplémentation soient utilisées pour renforcer l’immunité, notamment chez les patients qui sont à risque d’infections sévères (individus âgés de plus de 40 ans, hommes et malades chroniques).
La qualité du microbiote intestinal, marqueur prédictif de sévérité de l’infection à Covid-19
Une étude chinoise, en cours de publication, a exploré le microbiote intestinal de 990 individus sains, non infectés. Ils ont identifié des typologies de microbiotes, associées à un risque élevé d’infection sévère au Covid-19.
Une autre étude, toujours chinoise, s’est intéressée aux modifications du microbiote chez des individus décédés à la suite à d’une infection à Covid-19. Le séquençage du microbiote a révélé une diminution significative des bonnes bactéries (bifidobactéries et des lactobacilles) ainsi qu’une augmentation des bactéries pathogènes, signant un fort déséquilibre du microbiote intestinal.
L’altération du microbiote intestinal augmente le risque de surinfection pulmonaire
Enfin, une étude française menée par l’Institut Pasteur de Lille (Inserm, CNRS, Université de Lille) et l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) s’est penchée sur la relation entre la grippe, l’état du microbiote et le risque de surinfection pulmonaire. Ils ont décrit les altérations du microbiote provoquées par une infection grippale et ont expliqué les conséquences sur l’immunité pulmonaire.
Ils concluent que l’augmentation de consommation de fibres végétales en période d’épidémie et/ou la prise d’un traitement probiotique pendant un épisode viral pourraient contribuer à se protéger des complications infectieuses.
Comment s’assurer de l’efficacité de notre microbiote ?
L’équilibre de notre microbiote, sa composition en bonnes bactéries et sa diversité sont des éléments essentiels pour une bonne santé. La meilleure façon d’en prendre soin, c’est de bien le nourrir. Notre microbiote se délecte des fibres que l’on trouve dans les fruits et légumes.
Au risque de me répéter c’est le régime méditerranéen qui vous garantit un microbiote de qualité (cf Déclic Au moment de préparer le repas, pensez au microbiote !).
Prendre soin de son microbiote : pré ou probiotiques ?
L’apport de prébiotiques sert à la croissance ou l’activité de certaines populations bactériennes intestinales. On appelle prébiotiques, les oligosaccharides qui servent d’aliment aux bactéries du microbiote. Chaque bactérie a ses propres goûts et besoins. Grâce à une alimentation santé, riche en fibres, on peut nourrir préférentiellement les bonnes bactéries, favoriser leur croissance et réduire les bactéries pathogènes afin d’obtenir une meilleure réponse immunitaire.
Les probiotiques, bactéries ingérées vivantes, existent soit sous forme d’aliments fermentés, soit sous forme de compléments alimentaires. Il peuvent avoir un effet bénéfique complémentaire sur notre immunité, à condition de leur apporter une alimentation santé, toujours riche en prébiotiques.
Si vous souhaitez, en complément d’un régime riche en fibres, consommer des probiotiques, choisissez de préférence ceux qui apportent plusieurs souches de bactéries, idéalement plus de 4 et avec une forte concentration par souche, exprimée en milliards d’unités.
Sources
Gut microbiota and Covid-19- possible link and implications
Gut microbiota may underlie the predisposition of healthy individuals to COVID-19
Immunodepletion with Hypoxemia: A Potential High Risk Subtype of Coronavirus Disease 2019
Illustration : Norman Saunders for Marvel Science Stories, April-May 1939
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